-Tsk!
À peine audible, un léger sifflement fendait l’air. Une flèche. Sûrement tirée par un abruti qui pensait encore avoir affaire à une débutante. Pauvre crétin. La pointe avait déjà fait la moitié de la distance qui la séparait de Zamira, mais fallait croire que les gothiques n'avaient pas besoin de dormir pour maîtriser leurs réflexes. D’un mouvement si fluide qu’on aurait juré qu’elle répétait une chorégraphie, elle bascula son poids plume sur la pointe de ses orteils. Ses talons se soulevèrent presque en douceur, pivotant vers la gauche, tandis que son dos s’arquait légèrement vers l’arrière.
*Une pirouette de ballerine pour un tueur à gages, ça devait avoir de quoi vexer. hihi*
La flèche lui fila sous le nez, manquant sa joue de trois, peut-être quatre centimètres. Une esquive qui ressemblait presque irréelle. Elle redressa sa posture d’un air désinvolte, un petit sourire sarcastique au coin des lèvres, ses yeux cernés braqués dans la direction du tireur.
- Vraiment ? C’est tout ce que t’as ? Ffffft. lança-t-elle, la voix traînante et moqueuse.
Les gobelin en face d’elle allaient apprendre une chose, la prochaine flèche, elle finirait bien par se loger quelque part… mais ce serait quelque part ou le soleil ne brillera jamais. Sans crier gare, une horde de gobelins surgit des sous-bois. L'odeur de sueur, de merde et de stupidité flottait dans l'air et ce spectacle avait quelque chose d'assez pitoyable pour qu’une expression agacer soulève la lèvre de Zamira. Ses instincts de survie s’allumèrent comme une étincelle sur une mèche trop courte. Elle n’avait ni le temps, ni l’envie de s'attarder sur cette vermine.
Ses yeux d’un blanc brumeux, mais perçants et légèrement moqueurs dansaient d’un gobelin à l’autre en étudiant leurs mouvements maladroits avec la froideur d’une prédatrice qui s’ennuie. Ils croyaient vraiment pouvoir rivaliser ?
Touchant.
Zamira se campa d’un coup, ses muscles tendait comme des câbles d’acier, prenant une posture de combat à mains nues. Dégainer ses armes ? Pourquoi perdre son temps.
Le premier gobelin, un minable qui tenait son gourdin comme s’il s’était trompé de côté, se jeta sur elle avec l’énergie d’un désespéré. En une fraction de seconde, elle pivota avec la grâce d’un serpent. Le coup passa dans le vide, surprise! Mais dans le même mouvement, elle ramassa tout le momentum pour envoyer son poing fracasser le visage du pauvre idiot. Un bruit humide éclata. Le gobelin fut propulsé au sol comme une poupée désarticulée, son nez éclatait vers l'intérieur de son crâne.
Esthétique ? Absolument.
Mortel ? Plus encore.
Un autre, plus téméraire ou simplement plus stupide, tenta de l’encercler. Zamira le remarqua avant même qu’il ait eu le temps de respirer. Un sourire carnassier étirait ses lèvres.
- Toi, t’es mignon. T’as cru quoi ? Que j’étais un cerisier ?
Dans un saut acrobatique aussi élégant que humiliant pour ses adversaires, elle s’accrocha à une branche basse des cerisiers. Ses jambes s’élancèrent avec toute la précision d’une lance, fendant l’air pour s’écraser directement sur le crâne du gobelin. Il s’enfonçait dans le sol, laissant derrière lui un spectacle visqueux d’organes et de ce qui ressemblait vaguement à de la confiture de sang.
Zamira se redressa sur la branche, l’air amusée, essuyant nonchalamment un peu de poussière invisible sur son épaule.
- Thihihi! Allez, allez, tous en même temps ! lança-t-elle, sa voix moqueuse et faisait un geste des deux main commme l'on fait pour inciter quelqu'un a suivre.
Les gobelins hésitèrent. Ils avaient peut-être enfin réalisé que charger un orage en jupons n’était pas une idée brillante. Mais pour Zamira, ce n’était que le début.