Hopital Du Bidon-Ville

[Keygan]

L'Hôpital du bidonville de la zone C du continent d'Elpaza présente une apparence délabrée, à moitié envahie par la végétation. Les fenêtres cassées, la structure en ruine et les murs fissurés témoignent de son abandon. Le bâtiment principal est entouré de deux ailes plus basses, formant une cour intérieure. Au fond, une immense structure cylindrique domine l'horizon, conférant au paysage une allure à la fois mystérieuse et inquiétante. Les plantes grimpantes et les arbres qui poussent au sommet des murs indiquent que la nature a progressivement repris ses droits sur ce lieu autrefois vibrant.

[Serah Ashwalker]

Serah Arrivait de:

Le laboratoire désaffecté puait la rouille, le métal brûlé et cette désagréable odeur d’humidité collée aux murs décrépits. Le genre d’endroit où les ombres semblaient chuchoter des menaces à chaque grincement du plafond. Mais pour Serah, c’était chez elle. Ce chaos délabré, avec ses câbles pendants et ses écrans fissurés, lui offrait ce qu’aucun environnement aseptisé n’oserait promettre, "la liberté d’expérimenter".

La scientifique poussa la porte à moitié arrachée d’un coup d’épaule, son manteau de blouse ouvert battant comme une cape. Une sucette au goût cerise coincée entre ses lèvres, elle grommela quelques insultes en découvrant l’état du laboratoire.

- Y’a eu une guerre ici ou quoi ? Vous appelez ça du travail ? grogna-t-elle, sans chercher de destinataire précis.

Mais déjà, ses yeux violets fouillaient la pièce. Elle ne s’était pas encore remise de la veille, une de ces nuits "créatives" où le sommeil avait fui devant le bourdonnement de son cerveau hyperactif. Les longues mèches argentées mêlées de bleu lui collent au front, mais ta

- Lyria !? appela-t-elle d’un ton sec, s’adressant à sa responsable des recherches. J’espère que tu as ce que je t’ai demandé. Les données sur cette signature électromagnétique ?

Un silence gêné lui répondit d’abord. Puis une voix fluette résonna à travers les haut-parleurs usés, comme si la personne a l’intercom du laboratoire avait la grippe.

- Docteur Ashwalker, les données ont été récupérées. Je vous les transmets immédiatement.

Une pluie de chiffres, de courbes et de schémas complexes s’afficha sur le terminal central. Serah fronça les sourcils, sa langue cliquetant sur la sucette. Un frisson d’excitation traversa son échine. Elle adorait ça. Ce moment où la science flirtait avec le surnaturel. Là où les mystères prenaient forme sous les lumières crues des écrans.

[Serah Ashwalker]

Elle prit une chaise, ou du moins ce qu’il en restait et s’y affalait dessus en tapotant le clavier d’une main nerveuse. Les données défilaient, mais déjà quelque chose clochait. Elle plissa les yeux, comme si elle pouvait mieux décortiquer les chiffres par pure volonté.

- C’est quoi ce bordel… marmonna-t-elle, avant de sourire. Ah. T’es pas naturelle, toi.

La signature électromagnétique qu’elle observait n’avait rien d’un phénomène naturel. Pas un courant, pas une planète, pas une décharge accidentelle d’énergie perdue dans l’éther. Non, c’était signé. Comme un peintre laissait sa touche sur une toile ou un chirurgien apposait sa marque sur un patient réparé de ses mains.

- Un putain de vaisseau géant… souffla-t-elle avec admiration. Oulàlàaaaaa, merci les amis !

Ses doigts pianotèrent plus frénétiquement sur le clavier, tirant d’autres rapports pour croiser les données. En parallèle, elle se mit à griffonner des équations et des croquis approximatifs sur un carnet ouvert à côté. Les pages étaient déjà noircies d’autres notes, calculs cybernétiques, schémas d’organes améliorés, prototypes d’implants encore dégoulinants de concepts tordus. Son esprit, toujours en tempête, sautait d’une idée à l’autre.

Mais elle n’oubliait pas Ignis. Cet "atomisateur de matière" qu’il lui avait commandé n’allait pas se fabriquer tout seul. Elle releva les yeux vers l’autre table du laboratoire où trônait un amas disgracieux de tubes en métal et de circuits enchevêtrés.

- Un atomisateur, hein ? Parce que détruire proprement, c’est trop banal ? Elle éclata de rire, un peu trop fort pour l’ambiance morne du lieu. Ah, Ignis… toujours aussi délicat.

Tout en connectant deux fils et en ignorant superbement l’étincelle qui lui brûla les doigts, Serah ne pouvait s’empêcher de revenir à la signature. Qui ? Pourquoi ? Et surtout… comment ? L’idée de rencontrer un autre nation capable d’altérer les ressource au point de fabriquer un vaisseau aussi énorme.

- J’aimerais bien voir sa tronche, tiens. Peut-être qu’on pourra se comprendre… ou je l’ouvrirai pour voir comment il fonctionne.

Elle rit toute seule, mâchouillant sa sucette comme si elle menaçait sa vie. Ses yeux brillaient d’une lumière presque enfantine, celle qui naît d’une obsession sans bornes.

[Serah Ashwalker]

À quoi servait la science si ce n’était pas pour repousser les limites du possible ? Si on ne pouvait pas rendre l’impossible tangible sous la pression des doigts ?

Le terminal émit un bip sonore, signe que le programme de simulation avait terminé ses calculs. Le bruit la ramena brusquement à la réalité. Elle pivota sur sa chaise, faisant à moitié tomber ses notes. Les résultats du test pour l’atomisateur s'affichent enfin.

- Bon, voyons voir si ce monstre tient ses promesses…

Une explosion résonna quelque part dans le bâtiment, suivie d’un grésillement sinistre des circuits électriques. Serah se figea une seconde, Croquant le reste de sa sucette par effet de surprise, puis relevait les yeux le regard pétillant. Elle détestait l’ennui et heureusement, l’ennui la détestait tout autant.

- Parfait. Une autre chose à réparer. Hihi.

Sans perdre de temps, elle se leva d’un bond, saisissant au passage son carnet et une nouvelle sucette, celle au pomme verte cette fois, pour remplacer celle réduite en miettes. La Folle au Scalpel, venait de se lancer dans un autre puzzle scientifique. Que ce soit pour Ignis, pour cette signature ou simplement pour le plaisir de jouer avec l’ordre des choses, peu importait. Elle aurait ses réponses. À sa manière.

Et si le monde devait en trembler ? Qu’il tremble. Le laboratoire vibrait encore des échos lointains de l’explosion, mais Serah ne s’en souciait pas. Les lumières vacillantes et les alarmes grésillantes ajoutaient une ambiance dramatique qui l’amusait bien. Elle posa son carnet sur la table avec un bruit sec, saisissant un stylo qu’elle fit tourner entre ses doigts.

- Bon, réfléchissons... Si on ne peut pas voler l’énergie, on peut toujours aller la chercher à la source.

Elle marque une pause, la pointe de son stylo tapotant son menton tandis qu’un sourire carnassier s’étirait sur ses lèvres. Creuser un trou ? Ouais. Un trou jusqu’à l’enfer, si nécessaire. Et si cela effleurait une poche de magma en fusion… Eh bien, ce serait juste le bonus du jour.

Elle prit une profonde inspiration et lança un ordre à la volée.

- Lyria ! Ouvre-moi les cartes géologiques du secteur. Et trouve-moi les couches les plus fines entre nous et cette belle petite mer de magma que j’ai repérée dans les relevés précédents.

Le bruit de la statique se faisait entendre après un trop long moment, à voix légèrement tremblante, comme si elle aussi hésitait devant la folie manifeste de Serah .

- Docteur Ashwalker… percer une poche magmatique active pourrait provoquer… des conséquences catastrophiques…

- Et alors ? coupa-t-elle sèchement. "Catastrophique" pour qui ? Pas pour moi. J’appelle ça une "opportunité" pour créer un réacteur plasma maison. Tu veux qu’elle mange quoi Baby Atomic-Betty?

Il eut un long moment de static avant que la voix reprennent a l’intercom.

-Docteur Ashwalker, venez vous juste de “baptiser” la pièce centrale de l’atomisateur?

[Serah Ashwalker]

Le terminal grésilla à nouveau, les cartes demandées apparaissant en relief sur les écrans. Serah fronça les sourcils en observant les couches géologiques superposées. Il y avait bien une fine barrière rocheuse, presque fragile, à environ 1500 mètres sous les fondations du laboratoire. Derrière elle pas trop loins, ce trouvait une poche magmatique large, brûlante et parfaitement explosive.

- Parfait, parfait, parfait… murmura-t-elle avec une excitation incontrôlable. Ses yeux violets brillaient comme deux soleils fous.

Sans perdre une seconde, elle attrapa son communicateur de terrain et hurla dedans.

- Lyria ! Apelle la “Team de forage” ! Bibi ici veux une foreuse dans ce trou béant d’ici une heure ! Et tu leur mets le turbo, sinon je viens moi-même leurs ouvrir les veines pour voir si y’a du magma là-dedans.

Les membres de l’équipe ou du moins, ceux assez téméraires pour suivre les ordres de Serah, savaient qu’il valait mieux ne pas la contrarier. La réponse nerveuse du contremaitre s’élevait depuis l’intercom

- Euh, Doc… Vous êtes sûre ? Percer aussi près de… ?

Serah coupais l'intercom en appuyant une dizaine

- Oui, j’suis sûre. Faites ce que je dis. Allez, allez, allez !

Serah posa enfin le communicateur, haussant les épaules avec désinvolture.

- Pourquoi tout le monde panique quand on parle de magma ? souffla-t-elle, comme si elle préparait une tasse de thé plutôt qu’un projet apocalyptique.

Elle se remit au travail. La première étape serait de stabiliser les fondations autour du point de forage pour éviter que tout le labo ne s’effondre avant l’heure. Elle griffonna sur son carnet des systèmes de stabilisateurs improvisés à base de renforts en titane et de conduits refroidisseurs. Des idées absurdes, certes, mais ça lui suffisait. Dans sa tête, chaque pièce s’assemblait comme un puzzle parfait.

[Serah Ashwalker]

Pendant ce temps, les foreuses furent acheminées dans un vacarme assourdissant. Serah se déplaçait elle-même pour superviser leur installation. Une fois sur place tenant ses bras croisés et une sucette pomme verte encore coincée entre ses lèvres, elle prenait la parole.

- J’espère que vous avez huilé ces bêtes de métal, sinon c’est VOUS que je vais huiler à coups de seringue paralysante, menaça-t-elle joyeusement.

Les ouvriers obéissent dans un silence tendu. Personne ne voulait tester la véracité de ses menaces. Serah, elle, sautillait presque d’impatience, surveillant les données sur ses tablettes holographiques.

Enfin, la foreuse démarra. Le sol trembla lorsque les dents d’acier s’enfoncèrent dans la croûte terrestre, déchirant la roche dans un rugissement qui fit vibrer l’air ambiant. Serah avait déjà enfilé des lunettes de protection, accrochées à son front comme un casque de guerre.

- Bordel, wooooww, c’est beau, murmura-t-elle, le cœur battant à l’unisson avec la machine infernale.

Mais elle n’était pas naïve. Creuser aussi près d’une poche magmatique, c’était jouer avec le feu – littéralement. Elle activa un autre programme sur son terminal, envoyant des sondes pour surveiller la pression sous leurs pieds. Si ça devait péter… autant bien savoir quand!

Elle tapota nerveusement du pied, l’esprit déjà tourné vers la prochaine étape, construire les premières chambres de confinement pour absorber et rediriger l’énergie. Ses croquis prenaient forme en même temps que le sol cédait sous la foreuse.

- Allez… viens à moi, mon bébé en fusion… murmura-t-elle avec un sourire dément.

[Serah Ashwalker]

Soudain, une alarme hurla. Le terminal clignotait en rouge, affichant des courbes de pression alarmantes. La poche magmatique s’agitait.

- Doc ! On a un problème ! hurla un des ouvriers. La pression est trop instable !

Serah ne cligna même pas des yeux. Elle se précipita vers le tableau de commande, ajustant les paramètres de la foreuse pour ralentir l’extraction.

- Ouais ouais, calmez-vous, bande de chochottes. J’ai dit qu’on allait creuser, alors on creuse. Gardez la pression sous contrôle et tout ira bien. On stabilisera le tout avec les conduits refroidissants.

Elle releva ses lunettes sur son front, lunette qui semblait avoir apparut de nul part, jetant un regard illuminé autour d’elle. Le chaos régnait, mais elle s’en fichait.

C’était le genre de défi qui la faisait vibrer. La roche tremblait, les machines hurlaient, mais bientôt… bientôt, elle tiendrait le cœur en fusion de la terre elle-même entre ses doigts.

Et alors, le réacteur à plasma serait son chef-d'œuvre et celui de l’empereur pour y avoir donné l’idée pendant la cérémonie à la salle du trône..

La foreuse rugissait encore, son vacarme résonnant dans les tréfonds du laboratoire comme le cri d’une bête en agonie. Mais Serah Ashwalker n’avait plus besoin de surveiller la machine. Elle avait déjà pivoté sur ses talons, sa blouse flottant dans son sillage comme les ailes d’un ange tombé du ciel.

- Bon, ça c’est en route. Maintenant, voyons voir ce joli petit bijou.

Elle revint vers son terminal central, un écran projeté en hologramme illuminant ses traits déterminés. Son carnet à croquis, toujours griffonné de schémas et d’équations, trônait à côté. Les données sur la signature électromagnétique tournaient toujours sur l’écran, comme si elles l’attendaient sagement.

- Lyria, exécute-moi un programme de duplication. Je veux une copie brute de cette signature. Et ne me sors pas "trop dangereux" dans tes recommandations ou je cours dans ton petit centre radio et je dépèce tout ce que j’y trouve! …. Oki Doki?.

- Duplication en cours, Docteur Ashwalker, répondit la voix tremblotante de Lyria, manifestement résignée.

Un fichier apparut, pulsant d’une lumière bleue. Serah plissa les yeux, l’étincelle de malice dans son regard violet s’intensifiant.

- On dirait une œuvre d’art... ou un code magnétique d’un énorme vaisseau.

Sans attendre, elle attrapa une vieille disquette qui traînait dans une boîte poussiéreuse à côté de son bureau. Un vestige technologique, mais fiable, contrairement aux gadgets modernes "intelligents" qui avaient tendance à crasher dès qu’elle leur demandait un truc hors norme. Elle inséra la disquette dans un lecteur qu’elle avait elle-même réparé quelques semaines plus tôt.

- Allez, mon beau, on va t’immortaliser.

Le fichier de la signature fut transféré avec un grésillement presque mélodieux. Serah arracha la disquette du lecteur et la tenait entre ses doigts gantés, la soulevant devant ses yeux comme un trophée.

- T’es à moi maintenant, petit bijou. Reste bien sage, on aura besoin de toi plus tard…

Elle fourra la disquette dans une de ses poches surchargées avant de revenir à ses écrans.

- Lyria, remets-moi les données d’analyse sur la source de la signature. Et, cette fois, ne fais pas dans le détail. Balance tout : coordonnées, trajectoires, anomalies spatio-temporelles. Je veux la totale.

- Analyse en cours...

Les écrans se couvrait de courbes complexes, de projections tridimensionnelles et de calculs orbitaux. Serah s’approcha, penchée en avant, les mains sur le clavier tandis que ses yeux fouillaient chaque donnée comme un prédateur.

Une minute passa. Puis deux. Le laboratoire était plongé dans un silence pesant, brisé seulement par le vrombissement sourd de la foreuse en arrière-plan. Enfin, les résultats s’affichèrent avec un signal sonore.

Les coordonnées étaient claires. Un point d’origine précis. Pas sur cette planète, ni dans ce système solaire. Plus loin. Bien plus loin.

- Non… souffla Serah, ses lèvres s’écartant dans un sourire incrédule. Son cœur battait la chamade. Tu te fiches de moi…

Elle agrandit la carte stellaire projetée devant elle. Là, juste au bord des relevés électromagnétiques, les données révélaient un passage, vers une autre galaxy. Un alignement spatial parfait avec la signature.

- C’est pas une simple signature. C’est un signal. Elle rit doucement, un rire nerveux et exalté. Mais attend il est entré…ou il a quitté vers une autre galaxie ?

Elle se laissa tomber lourdement sur sa chaise, le regard toujours rivé sur l’image holographique. Une autre galaxie. Combien de scientifiques rêvaient de ça ? Combien avaient cherché sans jamais trouver ? Et elle, Serah Ashwalker, venait de toucher du doigt l’infini grâce à quelques lignes de données négligées par d’autres.

Elle tapa nerveusement du pied avant de se relever d’un bond. Ses mains tremblaient légèrement d’excitation.

- On va avoir besoin d’une flotte et peut-être d’un vaisseau capable de traverser ce bazar. Mais ça... ça va se faire.

Elle arracha un bout de papier de son carnet et griffonna à toute vitesse les coordonnées découvertes. Puis elle verrouilla les résultats dans son terminal avec une série de protocoles de sécurité improvisés.

- Lyria, verrouille tout ça sous mon nom. Si quelqu’un met son nez là-dedans sans moi, je reviens avec un scalpel et je dissèque sa boîte crânienne, compris ?

- Fichier sécurisé, Docteur.

Un sourire fendit le visage de Serah alors qu’elle resserra sa blouse autour d’elle. C’était bien plus qu’une découverte scientifique. C’était un voyage. Un défi.

- Une autre galaxie... Oh, ce monde va tellement regretter de ne pas m’avoir prise au sérieux, murmura-t-elle en glissant la disquette dans un compartiment secret de sa blouse.

Elle jeta un dernier coup d’œil à la foreuse en marche. L’énergie brute de la planète fusionnerait bientôt sous son contrôle. Quant à cette signature… elle en ferait sa prochaine obsession.

- Tiens-toi prête, petite signature. J’arrive.

Et sur ces mots, Serah se détourna, un rire incontrôlable résonnant à travers le laboratoire alors que les machines continuaient de rugir. Le chaos la suivait toujours, mais cette fois, il avait une destination. L’atomiseur était terminé et des ouvriers arrivaient avec des camions remplis de matériel à atomiser. Serah elle avait bien besoin de repos. Serah quittais pour ce rendue au teleporteur,car quand tout arriverait dans l,espace elle devrait s’arranger pour tout faire construire.
Suite au teleporteur