Cid et Cielesta avançaient dans l’obscurité, leurs silhouettes se fondant dans la pénombre. Les murmures des âmes perdues semblaient les suivre, une litanie presque imperceptible, mais pesante, comme si le monde lui-même retenait son souffle. Le sol, irrégulier, semblait leur résister à chaque pas et l'air chargé d’une lourde humidité, portait un parfum étrange, celui des pierres millénaires et du temps oublié.
Cid jeta un regard en arrière, mais il n'y avait que des ombres. Il ne pouvait s’empêcher de sentir que cet endroit, ce souterrain mystérieux, n’était pas simplement une autre section du temple. Non, quelque chose de plus ancien, de plus vaste, résidait ici. Comme si cette terre, cette pierre, avaient absorbé des secrets oubliés depuis des siècles. Le mage s’arrêta, un instant, pour observer l’inscription gravée sur un mur adjacent. Ces symboles… ils ne lui étaient pas étrangers. Il avait déjà vu des marques semblables, mais dans quel contexte ? Le souvenir lui échappait. Cielesta, plus silencieuse encore que d’habitude, semblait être en proie à ses pensées. Elle s'était immobilisée à quelques pas de lui, le regard perdu dans les ténèbres. Ses yeux perçaient l’obscurité, comme si elle écoutait un chant lointain, un murmure d'un autre monde...
Les cristaux sombres qui parsemaient les murs semblaient répondre à sa présence, émettant une lueur faible, presque timide, comme des yeux attentifs scrutant chaque mouvement. Cid serra les poings. Cette magie, il la reconnaissait. Ce n’était pas une magie élémentaire. C’était… quelque chose d’ancestral, d’infiniment plus ancien. Un pouvoir qui avait traversé les âges, peut-être même les dimensions. Le mage frissonna à cette pensée.
-Il y a quelque chose ici, dit-Il d'une voix douce mais grave, son regard toujours plongé dans l'obscurité.
Cid se redressa lentement et plaça sa main sur la garde de son arme, un éclat d'inquiétude traversant son regard. Le mage ferma les yeux, comme si il cherchait à capter une vibration dans l'air. Quand il les rouvrît, ses yeux brillaient d'une lueur étrange, comme si un voile invisible s’était levé dans son esprit.
-Il y a une présence ici, dit-il finalement, sa voix chargée de mystère. Un esprit ancien… ou peut-être plusieurs. Je ressens leur souffle, leurs murmures. Ce ne sont pas des âmes humaines.
Ces ombres mouvantes dans l’air, cette sensation d’être observé, tout cela ne pouvait être une simple illusion. Ils n'étaient pas seuls ici.
Ils poursuivirent leur chemin, mais chaque pas semblait les emmener plus profondément dans l’inconnu. Le tunnel s'élargit soudainement, ouvrant sur une salle immense. Les statues anciennes et usées par le temps, se dressaient autour d'eux comme des sentinelles silencieuses. Leurs visages déformés par l’érosion semblaient fixer Cid et Cielesta avec une expression indéchiffrable. Une lourde porte, surmontée de symboles que Cid reconnut comme appartenant à un ancien dialecte mystique, se trouvait au centre de la salle.
Un cri faible et lointain perça soudainement l’air, un cri de désespoir suivi d’un fracas sourd. Cid tourna la tête, ses yeux s’écarquillant.
-Qu'est-ce que c'était ? murmura-t-il, son regard se braquant sur un coin sombre de la pièce.
Aussitôt un froid glacial s’abattit sur la salle, et les cristaux autour d’eux brillèrent soudainement d’une lueur malveillante, émettant une pulsation faible mais régulière, comme un cœur battant au rythme de quelque chose d'inhumain.
-Ce lieu est vivant et ce qu’il abrite… il ne veut pas de nous ici.
Cid scruta l’ombre qui s’étendait devant eux. La porte semblait vibrer sous l'effet de la même pulsation et les symboles sur ses bords commençaient à briller d’une lumière rouge. Il savait que l’heure de la décision approchait. Avancer ou reculer. Mais une chose était certaine : cette aventure, ces tunnels, ce temple… tout cela n’était qu’une porte d’entrée vers quelque chose de bien plus vaste. Et peut-être bien plus dangereux.
-On y va, dit-il d’un ton résolu.
Cid s’approcha de la porte, ses mouvements empreints d'une calme détermination, son regard toujours fixé sur les symboles qui pulsaient devant lui. Le bruit du vent, ou ce qui semblait en être un, sifflait à travers les fissures des murs, faisant frémir les cristaux, qui émettaient un éclair de lumière spectrale chaque fois qu’ils réagissaient à leur passage.